ETRANGE RENCONTRE ...
Le vieil arbre mort au coeur de la Montagne...
Précipite son corps
au-dessus de l'abîme sans fond.
Poli par le vent...
Lavé par la pluie...
Dénudé par les tempêtes...
Il a traversé dix mille hivers .
Seule subsiste l'essence de l'arbre...
Nous n'en trouverons pas l'essence .
Il est splendide ! ( La pratique du Zen par Taisen Deshimaru)
Couverture rouge , au dos en illustration une cavale fougueuse , dessinée d'un seul trait par un Maître de Zen ...
Elle dévore l'espace ! Elle galope sur le vide abyssal de l'Univers...plus belle je ne connais pas ! Elle est l'Esprit immortel de celui qui l'a jetée dans cette esquisse superbe !
L'aube. Aube des consciences et du corps. Silhouettes sombres , immobiles , assises droites sur leur coussins ronds, jambes croisées, genoux au sol , nuques droites ,yeux mi-clos, souffle lent et profond.
Calme...calme...Silence . ( Pratique du Zen par Taisen Deshimaru - Editions Albin Michel 1981 )
il y a comme cela des rencontres littéraires incroyables , qui vous marquent comme au fer rouge , mais sans douleurs , bien au contraire ! J'ai dévoré ce livre , cet enseignement , dans la modeste mesure où je pouvais un peu comprendre , des éclats de lumière qui m'ont éblouie au point que frôlant la mort , lorsque je revins à la Vie , ce fut le premier livre que je réclamais à cors et à cris , si impatiente de renouer avec cette étrange Sagesse - sans la pratiquer comme j'aurais aimé pouvoir le faire mais dont , inconsciemment je me suis nourrie et qui encore aujourd'hui , tant d'années après , m'offre déjà le souvenir impérissable de ce que j'ai pu en vivre , très modestement .
Ce vieil arbre penché au dessus du précipice ...j'ai adoré ce poème et me croirez-vous ...je l'ai vu en pleine Montagne , dans un endroit si isolé qu'il me fut dit que j'avais eu bien de la chance de pouvoir en revenir - un jour d'orage , en 1994 où je me suis abritée dans un minuscule truc sans porte , au bord du vide , en attendant que passe la colère du ciel ...j'ai pris une pierre pointue et j'ai gravé mon prénom et la date sur l'un des murs blancs qui m'entourait - en face de moi justement cet arbre incroyable ! noueux , sec , sans plus aucune feuille et pourtant si beau ! véritablement grâvé dans mon coeur il me montre le passage redoutable que je faillis faire et que de toutes façons je ferai un jour ... Inch'Allah !
Faire confiance à La Vie indomptable , comme cette Cavale du Vide , fière et bondissante , née de l'Esprit d'un Sage, par delà les siècles et venue jusqu'à moi ! Être semblable à cet arbre dont seule subsiste l'Essence ...mille pas n'y suffirons pas !...
ps: illustration trouvée sur le web - serait ôtée si demande ici - merci