UN PETIT CARNET ORDINAIRE...
La personne n'était pas hautaine , m'avait accueillie avec simplicité , je savais donc pouvoir l'aider sans trop de difficultés - mis à part les tâches matérielles lourdes - J'aurais eu le droit de refuser ce poste , l'état du balcon par exemple ,représentant un véritable défi à ma santé et je ne vous cacherai pas que j'ai eu peur !...voir ces immondes insectes tournoyer autour de moi , après s'être goûlument nourries de ce que vous savez...oui , j'ai eu un moment de panique à l'idée qu'une seule d'entre elles se pose sur ma peau (il faisait chaud ,nous étions en Août et j'avais donc les bras nus ) ...pas de gants en prime - tout ce que je touchais était profondément souillé ( mon estomac se soulève encore aujourd'hui, rien qu'à l'évocation - mais vous allez comprendre que là n'était pas le pire ! )
Passant d'une pièce à l'autre pour visiter et prendre la mesure du travail à faire , sérier les problèmes qui se présentaient en nombre et traiter les plus urgents ...la base . Je fis donc le tour "de la propriètaire " pendant que , sans quitter son canapé ni son chien , la personne m'indiquait ce qu'elle désirait ...( qui n'était d'ailleurs pas le plus approprié dans l'immédiat ...là il faut aller en douce ...ne pas contrarier mais s'en tenir parfois à un nécessaire , qui n'est plus perçu très clairement , les souffrances occultant parfois le jugement , sans que d'ailleurs ,l'équilibre mental soit grâvement perturbé - Cette dame avait tous ses esprits mais...)
Rendez-vous était pris pour des visites régulières - relations établies avec les infirmières , le staff médical avec lequel il faut travailler en harmonie pour de bons résultats , ou du moins les meilleurs possibles .
Comme dans tout boulot ,il y a les bons et les moins bons éléments ...je découvrais que ses infirmières étaient du tonnerre , l'une d'elle en particulier s'impliquait d'une façon tout à fait exceptionnelle , le coeur débordant de compassion ( sans rien dire ,je l'ai découvert par hasard ) ... Bref , un combat de tous pour sauver ce qui pouvait l'être , c'est à dire , arracher cette malheureuse à une situation dantesque !
J'en rencontrerai d'autres , différentes mais tout aussi terribles d'ailleurs
Les jours passant , un peu de vie revenait avec les améliorations concrètes apportées petit à petit - Je n'ai guère souvenir des objets qui constituaient le foyer , si ce n'est que j'étais en présence d'un goût très sûr - Petit à petit , de paroles écoutées et partagées , je découvris que cette femme portait en elle un deuil, le plus cruel qui soit : celui de son enfant ! En effet , un jour j'avisais une très jolie photo dans un cadre tout simple ...une ravissante jeune femme tenant les rênes d'un cheval racé - son sourire était un véritable soleil à contempler , la lumière du bonheur dans tout son éclat , la quarantaine...superbe !....Décédée !!!
Sa pauvre mère me raconta la maladie , les attentes , l'espoir , les rechutes , la fin ....Seul le silence convenait à cette écoute ...MAIS ...
Son récit douloureux enregistré dans la mémoire me permit un jour de m'arrêter sur un petit carnet , usé , trouvé au hasard des remises en ordre de papiers ( il faut en effet veiller à ce que les papiers soient parfaitement rangès , pour parer à toute éventualité en cas de pépin et je vous rappelle que son fils vivait à Paris et ne venait jamais la voir )
Donc j'avais l'obligation de m'en occuper sur ce plan également ( c'est là , que le bât blesse d'ailleurs, dans ce métier où l'on nous prends pour des femmes de ménage ,alors que nous devons assurer tant de responsabilités ! Mais , ne pas nous reconnaître , permet de ne pas nous payer convenablement !!! c'est couru ! passons....)
Sur ce petit carnet , apparement sans importance , n'étaient inscrites que des dates , en longue file , avec des relevès de température sur plus d'un an ...
( à suivre )...
ps: La photo n'a aucun lien avec ce récit vécu il y a presque 20 ans-serait retirée sur demande,com ici ,le courrier n'étant pas forcèment tout lu - merci -